












































« Les touristes vont tout faire mourir »

En Amérique du Nord, l’environnement est pauvre en textures, quoique riche en symboles identitaires. Alors, quoi de plus invitant que les façades colorées et multitexturales des rues arpentées à pied, lors de plusieurs séjours, dans quelques bonnes vieilles villes italiennes. Un festin sybarite. Ces textures à flanc de murs, de portes et de fenêtres sont cadrées par des reliefs architecturaux inhabituels pour les yeux du Nord-Américain que je suis. On se délecte plutôt des reflets miroitants et rutilants ou du jeu des transparences, à la manière du cinéaste Michelangelo Antonioni (1912-2007), telles La nuit (1960) ou L’éclipse (1962), dans une Italie moderne. La texture de l’usure engage le regard dans une lenteur, celle-là même qui l’a produit. Ce type de texture ne convient pas aux déplacements motorisés nord-américains, ici elle y est plutôt rejetée comme une anomalie dans le paysage, une brisure ou un état d’appauvrissement. La texture c’est aussi la subtile densité du rapport à l’autre. Voici donc quelques arrêts sur textures, improvisés lors de mes vagabondaggi italiani.