











J’ai toujours ressenti un malaise et une certaine inculture face aux tableaux de Georg Baselizt (1938 - ). L’action d’inverser le tableau tête-bêche paraît anodine, sinon facile. Toutefois, ce n’est pas cette procédure spatiale inusitée qui soutient son propos. Bien au contraire, l’inversion n’est pas une fantaisie du libre arbitre artistique, mais elle fait plutôt un barrage systématique au temps linéaire (passé, présent, futur). D’ailleurs selon lui, « regarder vers le futur est un non-sens » (Gargosian, réseau global de galeries modernes et contemporaines, https://gagosian.com/artists/georg-baselitz/). Vues sous cet angle, les inversions échappent au domaine du visuel pour se colletailler avec le temps, le perturber, le secouer et redonner à la matière une place relative et impermanente. Si l’inversion est porteuse d’une forme de barrage temporelle, dans ma production la régénérescence est aussi très présente, considérant que la nature assume une transformabilité permanente. En ce sens, l’inversion redynamise non seulement notre perception mais elle tente d’atteindre ce qui dans la transformation occulte le temps. Voir, à l'envers, peut s'avérer libérateur.